La passion du Pilates à l’épreuve du cancer du sein (ou comment le Pilates m’a aidé à dépasser ma maladie)
Chez Kitiwaké, on se demandait comment contribuer à Octobre Rose. On s'est dit que le mieux était de relayer la parole de celles qui vivaient cette expérience.
Pour comprendre comment la maladie impactait leur activité physique et sportive, et surtout en quoi le sport pouvait contribuer à mieux vivre la maladie.
La plupart d'entre nous ont malheureusement parmi nos proches des femmes qui ont eu ou sont atteintes d'un cancer du sein.
Il se trouve que Laurence, ma tante, en fait partie.
Après une belle carrière dans la presse féminine, elle avait démarré une formation de professeur de Pilates quand elle a appris qu'elle était atteinte d'un cancer du sein triple négatif.
Elle a accepté de répondre à quelques unes de nos questions.
Cannelle, Kitiwake :
Bonjour Laurence, merci de bien vouloir nous faire part de ton expérience de la maladie et de la manière dont elle a impacté ton activité physique.
Avant de découvrir que tu étais touchée, tu avais lancé une formation de prof de Pilates, quelle était ta démarche ?
Peux-tu nous raconter ?
Laurence :
J'ai découvert le Pilates un peu par hasard. Une amie m'avait offert pour mon anniversaire une petite clé qui « m'ouvrait » le droit à 3 cours particuliers dans un centre de Yoga et Pilates.
J'ai gardé longtemps cette « clé » dans mon portefeuille et puis un jour j'y suis allée. J'étais bien loin de penser que cette clé allait m'ouvrir la porte de ma nouvelle vie.
Après quelques cours j'étais conquise. Très vite j'ai ressenti un réel bien-être.
Mon corps se transformait et je ressortais de chaque séance pleine d'énergie.
Au même moment je réalisais que j'étais arrivée au bout de mon métier de directrice artistique dans la presse féminine.
J'avais besoin d'une nouvelle vie.
C'est là que j'ai eu envie de suivre une formation de professeur de Pilates pour pouvoir transmettre tous les bienfaits de cette méthode.
Cannelle, Kitiwake :
Concrètement une formation de prof ça consiste en quoi ?
Laurence :
C'est une formation d'un minimum de 15 mois qui comporte des heures d'apprentissage de la technique du Pilates, beaucoup de pratiques au centre de formation et chez soi.
Il y a des cours d'anatomie, de la pédagogie, et aussi beaucoup de temps à observer les cours donnés par les formateurs.
Cannelle, Kitiwake :
Où en étais-tu dans ta formation quand tu as été diagnostiquée?
Laurence :
J'étais presque arrivé à l'examen de fin de cession Mat (cours de pilates sur tapis). La formation a été ralentie lors du premier confinement et les cours en visio se sont mis en place.
La date d'examen que je devais passer avant le traitement a été reportée.
Cannelle, Kitiwaké :
Et comment réagis-tu au diagnostic ?
Laurence :
C'est un peu le ciel qui te tombe sur la tête !
Je décide de me battre, de continuer à vivre le plus normalement possible. J'ai la chance d'être très entourée par ma famille et mes amies.
Je me renseigne sur la maladie, sur les traitements.
J'échange avec une amie qui est aussi atteinte d'un cancer triple négatif.
Grâce à elle, je sais ce qui va m'arriver.
Je peux anticiper les effets secondaires de la chimio : l'impression d'une énorme cuite du lendemain après les chimios, les défenses immunitaires qui dégringolent, les cheveux, les sourcils et les cils qui tombaient, etc…
Audrey avait vécu tout avant moi et elle me présentait du courage et plein de trucs qui permettaient de mieux vivre cette épreuve.
Je suis aussi les comptes Instagram de Emilie Daudin @emiliebrunette @triplenegatif .
J'écoute ses podcasts qui sont formidables. Le partage d'expérience est indispensable tout au long de la maladie.
Les médecins ne sont pas toujours disponibles pour répondre aux questions, à l'inquiétude et à la lassitude qui m'envahissent parfois.
C'est en salle de chimio en discutant avec d'autres femmes que j'ai appris comment soulager une mucite (des aphtes plein la bouche) juste avant le repas de Noël !
Et il y a eu aussi Rose Magazine que j'ai découvert à l'hôpital.
Un magazine de grande qualité, très bien réalisé (c'est un pro qui le dit !), et qui regroupe toute une communauté de partage et d'information autour du cancer du sein et du cancer au féminin.
Ils sont très actifs sur les réseaux sociaux via l'Association Rose Up.
Cannelle, Kitiwake :
Quelle place a eu la pratique sportive pendant cette période et comment l'as tu adapté à ton état ?
Laurence :
J'ai très vite réalisé qu'avoir une activité physique régulière m'aide à mieux supporter les traitements.
J'ai la chance d'habiter près d'une forêt et je fais des balades quasi quotidiennes avec mon mari.
Je continue à pratiquer un Soft Pilates. En plus d'entretenir le corps, le Pilates, est très centré sur la respiration. Ça m'aide à réduire le stress.
Même si je dois ajourner ma formation, je m'accroche.
Pas question de renoncer à mon projet de devenir prof. Dès que je vais un peu mieux je m'entraîne à nouveau, et je donne des cours à mon mari qui devient fan !
Cannelle, Kitiwake :
Aujourd'hui tu as fini les traitements, où en es-tu ?
Comment vois-tu le futur proche?
Laurence :
A la fin des traitements, j'ai repris mon activité assez rapidement. J'ai demandé à quelques élèves « cobayes » de pouvoir tester mon enseignement. Mais c'est un long chemin.
Après les traitements, la fatigue est là pour quelques mois encore.
Ce que j'aimerais , c'est pouvoir maintenant finir ma formation chez A-Lyne et enfin obtenir ce satané diplôme!
Ensuite, je voudrais faire une formation spéciale pour les femmes qui connaissent un cancer du sein.
Et pourquoi pas proposer des cours à des associations ou directement à l'hôpital dans les services d'oncologie.
Cannelle, Kitiwake :
Un grand merci pour ce partage et M… pour les examens !
Laurence :
Merci à vous ! Et surtout, si j'ai un conseil à donner à toutes les femmes : dépistez-vous.
Apprenez et pratiquez régulièrement l'autopalpation de vos seins, et au moindre doute, consultez votre médecin.
Plus on diagnostique rapidement le cancer, mieux ça vaut.
J'ai découvert cette petite boule bizarre en palpant mon sein gauche alors que j'avais fait une mammographie seulement 3 mois avant !
Si je n'avais pas réagi très vite, tout aurait sûrement été différent…