Nous avons eu la chance de rencontrer Eva André, jeune apnéiste française de niveau international, dont le parcours et la beauté rivalisent avec les incroyables images qu'elle poste sur son Instagram.
Vous je ne sais pas, mais nous, plonger à 77 mètres de profondeur sans respirer, ça nous fascine !
Alors on avait quelques questions à poser à Eva !
Cannelle, Kitiwaké :
Bonjour Eva, un grand merci de te prêter au jeu de l'interview.
On ne peut être que bluffées par ce courage, par cette maîtrise et par ces sublimes images…
Alors dis-nous, qu'est-ce qui t'as fait commencer l'apnée et t'as donné envie de progresser dans cette discipline au point d'atteindre un niveau mondial ?
Eva André, apnéiste :
J'ai découvert l'apnée en 2017. Je passais mon niveau 2 de plongée bouteille dans un club qui entraînait de très bons apnéistes.
J'ai essayé, j'ai adoré. Très vite, j'ai eu des facilités à descendre. Cela, couplé avec de très bonnes sensations, c'est le cocktail parfait pour avoir envie de descendre de plus en plus profond.
Cannelle, Kitiwaké :
Juste pour qu'on comprenne. Quelles sont les motivations et les aptitudes que l'on doit développer pour pratiquer l'apnée à bon niveau ?
Eva André, apnéiste :
En apnée il y a plusieurs facteurs sur lesquels travailler pour progresser.
Il y a le physique (adaptation à la pression, souffle, compensation des oreilles...) et surtout le mental.
Le physique se travaille de manière assez classique, du sport, des étirements, ce qui permet de garder une bonne condition.
Pour le mental, il s'agit selon moi de le nourrir de bonnes plongées et de bonnes sensations sous l'eau pour lui donner l'envie, la faim d'y retourner !
Cannelle, Kitiwaké :
Pourquoi t'es-tu dirigée vers cette discipline en particulier ?
Eva André, apnéiste :
Je trouve le mouvement d'ondulation très poétique, c'est ce qui tient l'œil et qui est selon moi la plus belle discipline.
Ensuite les sensations de glisse et de vitesse sont vraiment très agréables.
J'ai l'espoir de dégager assez d'énergie pour travailler une autre discipline l'été prochain, même si je pense que celle là reste ma préférée !
Cannelle, Kitiwaké :
Il t'a fallu seulement 4 ans pour devenir 7ème mondiale, est-ce que tu penses que la jeunesse est un atout pour progresser du point de vue physique et du point de vue mental ?
Eva André, apnéiste :
L'apnée est un sport assez particulier. On peut aller très profond, très rapidement sans trop d'expérience.
Il n'est pas rare de voir des outsiders sur les podiums de championnats très prestigieux.
C'est également un sport où les athlètes ont des âges bien plus avancés que dans d'autres disciplines et ont des carrières bien plus longues !
Je ne pense pas que la jeunesse soit particulièrement un atout, elle laisse juste plus de temps pour se forger une expérience de la profondeur.
Cannelle, Kitiwaké :
Ces résultats sous l'eau sont le fruit de ta capacité à maîtriser et à repousser les limites de ton corps et de ton esprit.
Quelle est ta préparation sur terre ? Pratiques-tu la méditation ? Quels entraînements physiques et quels types de pratique douce fais-tu ?
Eva André, apnéiste :
En hiver, lorsque je ne plonge pas, je varie les activités pour rester en forme tout en me faisant plaisir, marche en montagne, salle de sport, ski, nage, étirements...
Le but est d'avoir une bonne condition physique sans trop se fatiguer pour aborder la saison de plongée en forme.
En été, la partie de physique diminue et laisse plus de place à la préparation mentale et à l'assouplissement de la cage thoracique.
Je fais beaucoup de visualisation ce qui permet au cerveau de répéter des plongées sans les avoir vraiment vécues. C'est un outil très efficace mais je pense encore manquer de maîtrise.
Je dois vraiment me mettre à la méditation pour améliorer ma concentration !
Cannelle, Kitiwaké :
Comme pour le yoga et certaines pratiques douces, l'apnée est basée sur une grande maîtrise de la respiration, et sur l'exploitation optimale de son énergie.
Il y a-t-il des similitudes entre la plongée et la pratique sur terre, ou le milieu marin produit-il des choses totalement différentes ? Les pratiques terrestres permettent-elles d'aller encore plus loin sous l'eau et pourquoi ?
Eva André, apnéiste :
Toutes les techniques qui permettent de prendre conscience de sa respiration sont bonnes à prendre.
Je m'essaye à quelques exercices de respiration carrée ou de cohérence cardiaque mais la vérité c'est que la plupart des apnéistes sont loin d'être des experts de la science du souffle.
Ça tend à évaluer, mais nous avons encore beaucoup à apprendre je pense. Pour la plupart d'entre nous, le souffle est d'abord un outil pour réduire son rythme cardiaque.
Cannelle, Kitiwaké :
La période des compétitions va reprendre. Quels sont tes objectifs pour 2022 ?
Eva André, apnéiste :
J'aimerai prendre autant de plaisir sous l'eau que l'année précédente, être moins stressée par la compétition et la performance.
En terme de chiffre, il me paraissait raisonnable d'espérer passer la barre des 80 mètres.
Mais le plus important reste pour moi d'être meilleure que l'année passée même si cela n'implique pas obligatoirement d'augmenter sa profondeur !
Cannelle, Kitiwaké :
Tu as découvert Kitiwaké avec les brassières et leggings Nuna et Eka en polyamide recyclées, qu'en as-tu pensé ? Et que pense-tu des choix éthiques de la marque ?
Eva André, apnéiste :
J'ai vraiment adoré. Je suis assez coquette et je vous avoue que c'est un argument supplémentaire pour me pousser à faire du sport !
En plus de ça, les pièces sont très confortables et sont parfaitement adaptées pour les étirements que je pratique.
C'est d'autant plus plaisant qu'elles sont fabriquées en Europe et à partir de matériaux recyclés. Je sais que ce sont des pièces que je vais garder longtemps et qui n'iront pas s'ajouter aux charniers de la fast-fashion.
Cannelle, Kitiwaké :
En parlant de polyamide recyclé quel est ton point de vue et ton expérience sur l'invasion des plastiques dans les océans ? Le milieu de la compétition en apnée profonde est-il sensible à ces sujets et quelles sont leurs éventuelles actions ?
Eva André, apnéiste :
Là où je plonge, nous sommes plutôt épargnés par le plastique, même si les filets fantômes restent notre terreur.
Nous sommes tous conscients des enjeux environnementaux et nous sommes tous des amoureux du monde marin. Nous avons de la chance, notre sport est très visuel et nous donne l'occasion, à travers de belles images, de parler de ces sujets.
Néanmoins, notre impact à l'échelle individuelle reste très limité.
Un engagement politique puissant est nécessaire, pour stopper la production de plastique à usage unique, mais aussi pour encourager les initiatives pour le recyclage durable, comme le fait si bien Kitiwaké !
Cannelle, Kitiwaké :
Merci Eva de nous avoir fait plonger dans le grand bain. Et un grand M pour les compétitions à venir !
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